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Posts Tagged ‘desproges’

Alors qu’aujourd’hui se déversent les hommages les plus mielleux sur ton cadavre et que les croque-morts te décorent d’épithètes posthumes ; tu savais bien que 20 ans après, la glose des journalistes et du milieu de la scène et du spectacle célèbreraient ta causticité avec autant de mièvrerie qu’ils râpent hardiment leur langue de bois sur les fesses des hommes de pouvoir.

Ton cadavre piégé n’effraie plus personne…

Et si tes traits de génie ne m’arrachent aujourd’hui qu’un sourire, ils m’ont plus d’une fois fait rire aux éclats. Ce n’est que justice que maintenant quelques perles lacrymales viennent scintiller aux creux des yeux qui te virent maltraité le respectable et le bienséant avec le talent, la noirceur, et la joie débonnaire dont je m’abreuve les jours où la vie n’est plus drôle. Au moins là-haut es-tu hors de portée, des chiens, des loups, des hommes et des imbéciles.

Comme celle de Brassens, ta mémoire est brûlante à nos esprits à chaque jour que le cancer nous épargne ; et non pas seulement au gré de ces anniversaires morbides.

tu nous manques aujourd’hui comme depuis 20 ans

edit 15/08/09 : videos effacées

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Alors que se célèbre dans le festivisme commercial-spectaculaire cette irruption du devenir que fut mai 68, m’accompagnent ce mois d’avril les images, les mots et surtout la voix lutine et tranchante de l’homme qui fit mon éducation humoristique. Quand déjà, les nouveaux philosophes descendent jeunes et fiers le boulevard du temps qui passe afin que leurs gémissements soient entendus et consommés, qu’ils monopolisent la critique et le sel de l’esprit à des fins petites-bourgeoises ; il ne faut cesser de les entartrer, de leur faire goûter la crème sure et âcre de leur compromission. Je veux m’en moquer, mais sans le talent du maître, le trait d’esprit assassin, on a vite fait de contribuer à nourrir la bête. Alors, il vaut mieux se taire, sans jamais s’assoupir. Je reste éveillé, insomniaque halluciné, à contempler la succion lente que les cancers opèrent sur l’esprit, à observer la chute des corps et des mots dans les vacuités abyssales de notre contemporanéité. « Si ce sont les meilleurs qui partent les premiers, que penser des éjaculateurs précoces ? » Je demeure interdit ; étonnant, non ?

C’est sous-jacent dans la Barbarie à visage humain, ouvrage de référence dont l’élévation de pensée politico-philosophique n’échapperait pas à un journaliste de L’Équipe, Bernard-Henri Lévy n’est pas que de la merde.
Malgré quelques besognes assez peu ragoûtantes – il fut notamment envoyé spécial du journal Combat au Bengladesh, d’où il rapporta sa première oeuvre oubliable et le dégoût du riz complet -, Bernard-Henri Lévy est toujours resté très propre sur lui. On n’en dirait pas autant de tous les humanistes de ce siècle. Je pense, bien sûr, à François Châtelet qui ne savait pas cirer ses bottes, à Paul Léautaud qui sentait le pipi de chat, ou encore à René Char dont on m’a dit qu’il resta huit jours en caleçon pour écrire son Nu perdu.
Bernard-Henri Lévy est très joli, avec ses cols Claudine et son petit nez fin. Quand il bouge le cou, ses ondulations capillaires chatoyent aux sunlights en vagues émouvantes que la secrétaire bilingue aimerait caresser. C’est un homme fort séduisant.
Bernard-Henri Lévy pense juste et droit. Il estime qu’un peuple dont les maîtres à penser s’appellent Coluche ou Renaud est un peuple abêti. Et c’est vrai que quand le peuple écoute la voix simple et claire de ses enfants non agrégés, ça finit par nous foutre la pagaille. D’ailleurs ce n’est pas moi qui soutiendrais le contraire, Gavroche était un con.

— Pierre Desproges, Fonds de tiroir

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