Les exilés :
Ils viennent de tous les angles de l’exil
Avec pour seul bagage le rien
Ils sont le rien absolu rêvant,
Promise par quel hasard ?
Sa plénitude.Entassés dans les soutes des trains
Des bateaux de fortune
Des avions à tarifs réduits
Ils sondent le monde de leur passage perpétuel
Ils tournent mille fois autour du même point
Un café récemment découvert s’habitue à leur présence
Jusqu’au moment où les veines mêmes des banquettes se fatiguent d’eux.Un garçon de café les balaie sans raison
Ou bien c’est un gardien qui les chasse au matin
Parfois on voit l’un d’eux au milieu des anges
Musicien d’un orchestre ou chanteur ambulant
Poète à l’ouvrage auteur
En encyclopédie
Et il attire à lui, cadavre, des fourmis affamées.Haine
De ses concitoyens d’exil
Traître
Disent-ils, et en effet il en est un :
Ne devrait-il pas séjourner dans l’isoloir du silence, à jamais ?Dans l’isoloir
De l’échec le plus amer, à jamais ?
Dans sa lancinance à l’instant renouvelée, à jamais ?De leurs bouches s’envolent des rumeurs
Autour desquelles se tisse leur destin noueux
Et la tendresse que chacun d’eux porte pour l’autre
Il ne la prononce que par-devers soi.Théâtres encombrés de combats planétaires
Abel et son frère en un même être
Avec le coeur bifide comme le front de Janus.Qui les a éloignés de la première source ?
Qui ne les voit trébucher dans le moindre geste ?
Hors d’eux-mêmes, qui donc chaque fois les expulse ?— Kadhim Jihad Hassan, les exilés
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(traduction de l‘auteur en collaboration avec Serge Sautereau,
publié dans La Lettre Internationale, n°31, hiver 1991-1992)
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Photo : (c) P. J., morning in Lahore
Bonjour,
Merci pour me faire découvrir ce poète que je ne connaissais pas.
je tiens moi même un blog de poésie de l’exil que j’appelle PoEtrange..pour poètes étrangers..le mot exilés n’étant plus d’actualité
http://touspoetestousmusulmans.wordpress.com/
Cordialement.
Yano